Wednesday, October 3, 2007

Dominique Valle [ Herminose ]

Né à Paris en 1948. Cadre administratif, ancien enseignant sportif
(divers arts de combat, gymnastique), de danse (tango argentin, cla-
quettes anglaises), musicien (guitare classique) et homme de cheval
(définition qu'il préfère au terme, moins précis dans son cas, de
cavalier), il est très engagé dans la vie associative (accompagnement
d'adultes et d'enfants en fin de vie).
D. Valle découvre le corps de la poésie à l'âge de 11 ans, mais c'est
à l'adolescence que ce corps s'emplira d'une âme, d'abord révoltée par
l'absence puis toujours tentée par l'écoute de l'autre. "Herminose" fut
un pseudonyme pris en mémoire d'une amitié forte vécue dans sa jeu-
nesse et par respect de la parole alors donnée.

Publications :

Un visage de pluie (1970), Entre deux gares
feuilles mortes (1977), Cartes (1993), Carnets (1993 et 1994),
Mais si tu parles des fleurs (1998). Il est publié dans des antho-
logies consacrées au cheval.

***

Paume qui puises sur mon corps
l'impatience des tiges

pliée dans les marais où veille le pêcheur
tu tiens le souffle sur le fil de nos couteaux

au silence de nuit
répondent les coups du coeur
les coups de langue de l'attente
au cadran de nos rythmes

minuit sonne

la marche des ogresses
roule ses tambours
lève son drapeau

tu déferles

***

Arbre au corps
chevillé de guirlandes
au jour
l'envers s'opposant

ce versant
de lumière dit
l'autre en son absence
et le figure

danse rituelle
quand l'un de moi
vers l'autre
se tend

en toi
se tend

***

Qui es-tu tissu des nuits
qui couvres l'écartèlement
des fleurs

qui es-tu toi l'inconsolable
dans la morsure du sexe
aux longues mémoires

tu te rêves multiple
et t'ériges au soleil
comme si tu savais

qui es-tu diaphane prière
qui me jettes à genoux
et muselles ma peine

il n'y a plus de mots

seule cette musique
au loin

dans une flaque de lune
ce tour de hanche
sur un tango

***

Dit de haute terre
Dans la livrée des mousses

Champi s'éveillant
Procède au cri
Enflamme l'aube

Levant les bras
Montre les partages
Du temps -

Aux bandeaux de l'âme
- Aligné


Dit. Sur cette route
Encore que tissée
De brumes.

La désireuse seconde
Où tu passes.

Ventre qui se perd
Aux marines mémoires enserre

Le glissement du songe

Vue pèlerine
Sur voie sans racines
Quelles limites à tenir

Quel éclatement ?

Dit de l'amour : vers toi
Vitrail en spirales
Dont tu tiens
Les couleurs

Le mûrissement
De tes pas sur les mots

Le torrent des silences
Qui te disent

***

Tu forges à mon côté
l'unique silence
qui nous livre

mon aimée

à la goutte
de vie perlante
tu embouches des rouleaux
de nuits claires

plus gros plus lourds
à chaque pas

nous respirons sur la pente
ces parfums
de vignes tardives

nous levons des pierres
que nous savions rouler
dans l'errance des mots

nous plions les ombres
mon aimée
jusqu'au ras des

portes
qu'il nous faut élargir

***

Toi
à petits pas
sur la margelle

Tu danses
en ma spirale

vers l'infini
tango de l'ange

***

Si j'étais le vent
j'irais.
souffler

dans les jupons
des feuilles

***

La lumière
tremble un peu
sur son axe

Tu te lèves et tu vois

ce grand fond de la nuit
ne te fait plus peur

tu danses quand il vibre
tu as chaud dans son souffle

Là-bas ce tremblement
cette caresse du vent
sur le corps de lumière

dresse ton coeur
dans le creux des mains
que tu ouvres alors

aube nouvelle
vers ce plus loin de toi
où s'étire ton amour